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Nos Samuel

  • roxaneduboz
  • 20 oct. 2020
  • 2 min de lecture

Vendredi soir comme pour teinter de gris le début des vacances, la nouvelle est tombée. C’est un professeur que l’on a assassiné. C’est un professeur et le froid qui se répand sous la peau, jusque dans les os, est encore plus mordant cette fois-ci. Le souffle est court, il y a ce vide dans la poitrine et la sidération, immense. Car professeur est mon métier, celui que j’ai fini par choisir après quelques années d’un lent cheminement, c’est le métier que je découvre depuis trois ans. Mais je ne pense pas longtemps à moi, nouvelle professeure, je pense à ceux qui avant moi ont semé des graines dans mon cœur.

Parce qu’il y a en chacun de nous un professeur, un, une, parfois plusieurs, qui sont passés dans nos vies en laissant une trace éternelle, par un enseignement particulier, une vision, un soutien, parfois de simples mots. Ces souvenirs qui nous guident, qui nous ont construits, il est temps aujourd’hui de leur dire merci.


Je voudrais remercier mon professeur de philosophie qui en classe de Terminale Littéraire a ouvert en moi un horizon idéologique, a posé les bases d’une conscience politique en devenir, à construire, toujours présente aujourd’hui. Merci d’avoir élevé nos consciences, puisque c’est cela que l’on fait avec des « élèves », vers le monde tel qu’il est et tel qu’il devrait être.


Je voudrais remercier ma professeure de lettres de Seconde, une femme déjà âgée, austère, juste et passionnée, grâce à qui j’ai confirmé cet attrait naissant pour la littérature. Avec elle j’ai découvert ce qui reste ma plus grande passion, mon grand rêve d’écriture, mon amour des auteurs classiques, l’émotion indicible en tournant les dernières pages d’un roman, le jeu avec les mots et la recherche des vers parfaits.


Je voudrais dire merci à une professeure de mathématiques, pour simplement avoir su, à la fin du collège, conseiller mes parents sans céder au discours ambiant. Si votre fille aime les sciences humaines, si elle s’y épanouit, nul besoin qu’elle suive une voie scientifique. Elle réussira pour ce qu’elle est, pas pour le prestige d’une filière.


Merci à une professeure d’anglais, en classes préparatoires littéraires, pour simplement avoir dit, au cœur d’une tourmente, qu’elle notait un travail produit, et jamais des personnes. Merci de m’avoir aussi confronté au travail difficile et passionnant de la traduction littéraire, de m’avoir fait lire Conrad et Fitzgerald, jusqu’à pousser les portes d’une librairie anglophone et oser lire en version originale.


Merci à d’autres professeurs, celle d’Allemand débordante de bienveillance, celui d’Anglais patient, doux et passionné, d’autres encore plein d’humour et d’humanité.



Je suis fière de suivre votre route. Je suis fière de donner et de semer à mon tour. L’éducation est une force qui fait tourner le monde, j’y crois et j’y croirai toujours. Merci pour cette humanité, pour cette beauté. Car nous sommes beaux, bien plus beaux que quelques pauvres fous.


 
 
 

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