Au sommet, des hommes
- roxaneduboz
- 10 déc. 2020
- 2 min de lecture
C'est un film qui passe à la télé, il faut bientôt dormir car décembre qui commence nous a déjà tant fatigué. Pourtant ce n'est pas mauvais, c'est même plaisant, il y a Kev Adams dans le rôle d'un héros un peu enfant, et Vincent Elbaz que j'ai toujours trouvé très beau. Je me laisse porter par les scènes de glisse, c'est apaisant tout ce blanc. Et puis apparaît Bérénice, Bérénice Béjo. C'est la femme d'un des héros. Elle est jolie comme toujours même quand elle n'est pas maquillée. Je la regarde avec tendresse couver du regard son homme. Elle est dans la maison quand il revient, après une journée passée à défier la dangereuse montagne. On la voit proposer du café. On la voit dans son bain. On devine sa peau aussi douce que ses mots.
Il y a cette autre fille. Un peu moins âgée, elle rencontre l'autre, le homme jeune qui ride, et elle l'admire alors qu'il parle, passionné, des sommets enneigés et de ses rêves de pistes mortelles à dévaler. Elle va l'aider dans sa quête, il se hissera au sommet.
Au sommet, des hommes. Les femmes ici jouent les douces adjuvantes. Elles resteront en bas, heureuses sans doute d'avoir permis la victoire. Elles sont les petites mains de la très grande histoire. Et je regarde autrement ces héros soudain agaçants. L'un est très mâle, sombre, il cache sans doute un lourd passé, quelques blessures évidemment ; l'autre on l'a déjà dit est le sympathique grand enfant. Le duo éternel fonctionne entre les protagonistes : il y a celui qu'on respecte, et l'autre un peu comique. Il y a surtout celui, et trop peu souvent celle. Je me demande pourquoi elles ne font qu'être belles, pourquoi elles portent mais ne s'envolent pas. J'aimerais voir nos actrices au sommet pour une fois.
On me dira alors, mais c'est une histoire vraie. Cet homme de légende a vraiment existé. On ne va pas réécrire ce qui s'est bien passé. C'est vrai mais les histoires sont aussi à créer. Et S. Hazanavizius pour son tout premier film aurait pu faire ce choix. Le cinéma peut, je crois même qu'il doit, inventer, raconter, et choisir pour cela des femmes. Il suffirait d'un peu décaler la lumière, et sur leur visage poser les projecteurs. Choisir un répertoire qui n'offre de n'être pour l'homme ni une mère, ni une fille ni une sœur : rendre aux Bérénice leurs places d'héroïnes.
Quand nous verrons enfin, les soirs de fatigue, des femmes victorieuses, des femmes au premier plan, alors je dormirai d'un sommeil plus tranquille car les petites filles regardent ces mêmes écrans.

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